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De mauvaise humeur

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13 septembre 2008

La dernière gorgée de bière.

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Pour mon 1er poste, j'annonce la couleur. Le titre n'est pas sans évoqué le célèbre texte de Philippe Delerm : La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules... Ici, il ne sera pas questions de plaisirs... mais au contraire de ces petites plaies de la vie quotidienne (ou pas) qui jalonnent notre parcours parfois si tranquille. Une ode à ces petites embûches qui rendent la première gorgée de bière si inoubliable.

La dernière gorgée de bière, donc. Celle qu'on appréhende depuis le début de cette fameuse soirée qui devait être destinée au départ à des révisions, le bouclage d'un mémoire, un plateau télé, un bon bouquin... mais que les potes insistants et persuasifs (" Allez viens, y'aura Machine pis sa copine...") ont transformé en virée bien arrosée. On passe les détails : les échecs avec Machine et sa copine, la musique trop forte, une ex qui nous colle... pour arriver à la scène qui nous intéresse.

On est assis par terre, les jambes tendues et légèrement écartées en face d'un pote dans la même position et chacun de nous a posé un bière ouverte entre ses jambes en prenant soin d'y déposer délicatement la capsule à l'envers (les amateurs de ce jeu populaire et ô combien dégradant.... auront reconnu le Cap's).

Pour les novices, ce silogisme leur présentera l'activité et la finesse et la spiritualité de ce jeu ne leur échapperont pas. "Plus tu bois, moins ton adversaire bois. Moins ton adversaire bois, plus tu bois". Silogisme que l'on peut réduire par "Plus tu bois, plus tu bois".

La voilà, la dernière gorgée de bière. On le sait. Pourtant une ambiance testosteronée, la présence de Machine et sa copine (un espoir subsiste), le goût du jeu (pas celui de la bière), l'honneur... nous pousse à prendre la canette, à lever lentement le bras, à poser le bout de nos lèvres sur le goulot... L'odeur nous fait fermer les yeux. La sensation du liquide qui sécoule dans notre bouche nous redonne l'espoir. "C'est pas si pire, en fait..." Et là, on garde cette gorgée dans la bouche... de même qu'on l'avait fait  4 heures plus tôt pour la première... mais pas pour la même raison. Pourtant recracher serait la pire des choses.

On avale. La déglutition forcée nous arrache une grimace très équivoque. Nos potes ont compris. Machine et sa copine si elles sont habituées à sce genre de soirée...ont compris aussi. Maintenant tout se passe en nous.

Les quelques centilitres de bière descendent le long de notre oesophage... Comme la mer se retire avant le raz de marée... on ressent le contenu de notre estomac qui se compresse au fond comme pour prendre son élan, laissant un  assèchement total de l'oesophage et du haut de l'estomac. Une oreille attentive pourrait entendre le crépitemant des parois qui s'assèchent... mais on l'a dit : la musique est trop forte.

On ouvre les yeux, on les exhorbite en fait. On ferme la bouche (dernière digue avant le tsunami)... Mais il est trop tard...

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